Les coulisses du business du commerce équitable
« Nous sommes passés du commerce équitable au commerce de l’équitable », conclu Christian Jacquiau, économiste et auteur de « Les Coulisses du commerce équitable » à la fin du reportage de Donatien Lemaître, « Le Business du commerce équitable ». Des révélations qui heurtent le caractère empathique des consom’acteurs, et qui font penser que Georges Orwell et sa ferme des animaux est toujours d’actualité.
En Allemagne, le commerce équitable est né d’une mouvance chrétienne qui renverse le paradigme de la charité. Au lieu de donner, on va aider les petits producteurs des pays du sud à vendre leurs articles dans les pays du nord. De l’argent qu’ils auront dûment gagné. « La charité renvoie au geste simple qui consiste à donner à une main tendue : c’est un des actes les plus stupides qui puisse être fait, de la part du receveur comme du donateur. C’est l’expression même d’une société qui ne fonctionne pas correctement. Je possède, tu ne possèdes pas, et par cet échange je t’entretiens dans ta position de mendiant. C’est accepter la situation et favoriser l’immobilisme, » explique Frans van der Hoff, co-fondateur du label Max Havelaar. En France, ce commerce voit le jour dans années 1970, sous l’impulsion de l’abbé Pierre qui, après la scission du Pakistan avec le Bangladesh et les inondations qui ont suivi, dispose qu’il faut aider les producteurs locaux, et acheter directement leurs produits.
Ouvrir les portes des circuits de distribution classiques à un commerce respectueux des droits sociaux des producteurs les plus humbles et de leur environnement. Frans van der Hoff et Nico Roozen, deux néerlandais, crées en 1988 le label Max Havelaar: titre d’un roman de Eduard Douwes Dekker, dont le héros éponyme dénonce l’exploitation coloniale dans les Indes néerlandaises. L’idée de Max Havelaar: «est de rendre les conditions de travail plus humain et plus raisonné à travers des actions micro-économiques bien ciblées.» Concrètement, il s’agit d’investir la grande distribution afin de la rendre plus éthique,de s’en servir pour faire bouger les choses. S’insérer dans le système capitaliste, et l’éduquer.
Mais cette noble philosophie est partiellement vidée de sa substance par cette même grande distribution qui dispose: « Nous ne pouvons être de simples mécènes, et ne pas faire de marge. Nous ne pouvons être le père nourricier de tous les petits producteurs des pays en développement. Ce n’est pas notre rôle. »
Certes ! Toutefois, les marges réalisées sur les produits dits « commerce équitable » sont telles, (jusqu’à 45 %), qu’ils sont devenus une des panacées contre l’effondrement du chiffre d’affaires des supermarchés de masses. Bien entendu, les petits producteurs perçoivent une partie, mais qui ne varie pas. D’où la volonté de certains labels de ne pas s’affilier (s’offrir ?) à la grande distribution, comme les Artisans du monde. C’est un fait: ce n’est pas Byzance, loin de là, mais le commerce équitable permet de faire mieux vivre les producteurs locaux.
Certes ! Toutefois, les marges réalisées sur les produits dits « commerce équitable » sont telles, (jusqu’à 45 %), qu’ils sont devenus une des panacées contre l’effondrement du chiffre d’affaires des supermarchés de masses. Bien entendu, les petits producteurs perçoivent une partie, mais qui ne varie pas. D’où la volonté de certains labels de ne pas s’affilier (s’offrir ?) à la grande distribution, comme les Artisans du monde. C’est un fait: ce n’est pas Byzance, loin de là, mais le commerce équitable permet de faire mieux vivre les producteurs locaux.
Un exploitant exploité ne craint pas l’exploitation. C’est l’exemple de la république dominicaine, et deBanelino, une coopérative qui a décroché le label Max Havelaar. Là bas, les petits producteurs de bananes bénéficient des fruits de leurs récoltes grâce à Banelino. Cependant, c’est un peu la fable de la ferme des animaux de Georges Orwell: les petits producteurs deviennent de petits propriétaires, beaucoup mieux lotis, et qui profitent de la main d’œuvre d’Haïtiens sans papier qui travaillent durement dans les bananeraies, et pour un salaire de misère.
Un cercle vicieux qui prend une autre dimension quand le documentaire dévoile que de gros producteurs terriens s’invitent dans l’équitable. Et entre les immenses villas et les bidonvilles, le spectateur peine à trouver l’équité. Toutefois, comme il est dit: « C’est ça, le monde des affaires ! » Ah…
Des révélations qui ne laissent pas indifférents. Qui heurte le consom’acteur que nous pouvons être et lui faire penser: « A quoi bon payer plus chère des articles issues du commerce équitable si les progrès sont aussi peu visibles ? »
Pour s’en convaincre, il suffit d’apprécier le label Rainforest Alliance et la gestion, laxiste, de ses valeurs. Un label qui semble avoir été crée que pour mieux être utilisée par les multinationales, comme Unilever. Le villageannonce publicitaire en vase clos au Kenya est révélateur de cela.
Pour s’en convaincre, il suffit d’apprécier le label Rainforest Alliance et la gestion, laxiste, de ses valeurs. Un label qui semble avoir été crée que pour mieux être utilisée par les multinationales, comme Unilever. Le villageannonce publicitaire en vase clos au Kenya est révélateur de cela.
En conclusion, cela pourrait être beaucoup mieux, mais cela reste moins pire. Et tout le monde n’est pas à loger à la même enseigne.
Le saviez-vous ? Vous pensiez boire du café équitable Starbucks, ou manger des Kit-Kat dont le chocolat est issu du commerce équitable ? C’est faux. Du moins, pas exacte. Que ce soit Starbucks ou Nestlé, avec sa barre chocolatée croustillante, seule une infime quantité de leurs matières premières provient de l’équitable. De 2 à 5 %. Une paille ! Néanmoins, assez pour posséder le label Fair Trade.
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