Actiris / Pôle emploi et arborescence catégorielle: Where is my job ?
Cela peut ressembler à un chemin de croix 2.0, à un parcours du combattant pour le pénitent qui entre en guerre sainte contre le site web de Pôle emploi ou d’Actiris. Le but de l’opération est l’inscription en ligne du postulant à la « servitude volontaire ». Tout parait beau, moderne, mais lorsque l’arborescence catégorielle de ces « institutions d’aide à la recherche d’emploi » apparaît, le défi du futur adhérent est parfois de contourner cette « ligne Maginot », faute d’y trouver la bonne rubrique.
« Évidemment, ça dépend, ça dépasse », s’exclame dans « Le Père Noël est une ordure » Christian Clavier devant Zezette confrontée à la question: « Exercez-vous une activité professionnelle ? » et pour laquelle: « On vous demande de répondre par oui ou par non, donc, forcément, ça dépend, ça dépasse. » Pas de place pour l’improvisation ! La classification des institutions étatiques est rigide, notamment pour Actiris ou Pôle Emploi. Catégories, sous catégories, sous sous catégories, une place pour chaque chose, chaque chose à sa place, peu à peu vous vous engouffrez dans l’arborescence catégorielle de votre « institution de demande d’emploi. »
La tâche peut paraître simple: vous savez qui vous êtes, ce que vous avez fait. L’inscription devrait couler de source.
Néanmoins, si votre catégorie, telle que vous la connaissez, n’apparaît pas. Comment faire ? Le fataliste, à bout de nerfs, abandonne, tandis que l’intrépide bifurque sur une autre rubrique qui semble plus ou moins apte à recevoir sa qualification. Alors, si pour « ecommerce », il ne voit cette occurrence, ni la mention « vente à distance », il développera son champs lexical et tentera « télévente ». Cela semble se rapprocher. Toutefois, si on vous demande, à la fin: « Souhaitez-vous être directeur d’une grande surface ? » , il y a de forte chance qu’un malin Leprechaun se soit immiscé dans la classification.
Parfois, chercher sa rubrique chez Actiris, c’est comme tenter de trouver sur l’étalage d’une grande surface en Belgique des Pépito ou des Michoko, ce n’est pas possible ( la liste des « crasses », comme on les nomme ici, n’est pas exhaustive. Pléthore de bonbons et autres gâteaux bien connus en France ne se retrouvent sur les étals des magasins outre-Quiévrain, et vice versa. Partant, beaucoup de délicieux mets sucrés furent trouvés par le monsieur qui rédige ce billet et qui mange, en ce moment, un éléphant Côte d’Or en pensant s’empiffrer de Melocakes d’en peu de temps.)
C’est ainsi.
C’est ainsi.
Après cet intermède placement de produit, un exemple: votre employeur est une entreprise de presse écrite, on vous pose la question « catégorie ». Vous pensez « édition ». Vous seront proposés en sous catégories « carrières »: Journaliste, monteur de pages, etc. Zut, vous étiez au département ecommerce. Késako ?
Soit la navigation au sein des catégories n’est pas fluide, pas intuitive, ce qui devient une source d’erreur. Soit les classifications adoptées par Actiris et Pôle emploi, institutions vieillissantes, ne sont pas au goût du jour. Soit vous faites un métier à la con, un «bullshit job», comme le nomme l’anthropologue anglais David Graeber. Un de ces métiers inutiles et inventés par notre moderne société. Certes, mais: « Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries que mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes, » ironisent Les Shadoks.
« Les bullshit jobs appartiennent au secteur des services: les fonctions dites de support et les services aux entreprises (ressources humaines, management, droit, qualité, finance, communication, conseil, etc.) et plus largement les emplois de bureau, de l’employé administratif au manager, » dispose Jean-Laurent Cassely, Slate.fr, avant de citer David Graeber: « Nous avons pu observer le gonflement, non seulement des industries de “service”, mais aussi du secteur administratif, jusqu’à la création de nouvelles industries comme les services financiers, le télémarketing, ou la croissance sans précédent de secteurs comme le droit des affaires, les administrations, ressources humaines ou encore relations publiques (…) C’est comme si quelqu’un inventait tout un tas d’emplois inutiles pour continuer à nous faire travailler. »
Pour savoir si un job est inutile, Graeber propose cette méthode empirique : imaginer ce que serait le monde sans «les jobs à la con».« Dites ce que vous voulez à propos des infirmières, éboueurs ou mécaniciens, mais si ils venaient à disparaître dans un nuage de fumée, les conséquences seraient immédiates et catastrophiques, » écrit-il, avant de renchérir: « Un monde sans profs ou dockers serait bien vite en difficulté, et même un monde sans auteur de science-fiction ou musicien de ska serait clairement un monde moins intéressant. En revanche, il n’est pas sûr que le monde souffrirait de la disparition des directeurs généraux d’entreprises, lobbyistes, assistants en relation presse, télémarketeurs, huissiers de justice ou consultants légaux. Beaucoup soupçonnent même que la vie s’améliorerait grandement. »
Aussi, comme le remarque le sulfureux anthropologue, à quelques exceptions prêt, un métier est d’autant moins payé ( et d’autant plus déconsidéré ) qu’il est utile à la société. ( Si vous souhaitez lire la réponse deThe economist, cliquez ici ! )
Aussi, comme le remarque le sulfureux anthropologue, à quelques exceptions prêt, un métier est d’autant moins payé ( et d’autant plus déconsidéré ) qu’il est utile à la société. ( Si vous souhaitez lire la réponse deThe economist, cliquez ici ! )
En conclusion, si votre classification n’entre en résonance avec celle proposée par les sites « d’aide à l’embauche », soit vous vous êtes trompés, soit les sites ne sont pas à jour des nouveaux métiers qui sont exercés au XXI ème siècle. A moins que…Enfin, heureusement qu’écrire des billets de blog n’est, pour moi, pas un métier, mais un passe-temps
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