Et si l’agroécologie pouvait nourrir le monde ?
Le discours est rodé. Si on se passe des pesticides, la production baissera de 40 % et les prix augmenteront de 50 %. Néanmoins, doit-on pour autant penser l’agriculture traditionnelle comme la panacée qui servira à nourrir toute la « planète »? Actuellement, plus d’un milliard de personne souffrent de faim chronique dans le Monde. N’est-il pas temps de changer de paradigme ? De révolutionner notre manière d’aborder l’agriculture ?
L’agriculture, clef de voûte de la société de demain. Le constat est sans appel: développement de mono culture, nécessité d’intrants chimiques, appauvrissement des sols, nécessité d’autres pesticides pour y faire face, pollution de l’eau, crise de la biodiversité, crise sanitaire, crise alimentaire, accentuation du changement climatique; à elle seule, l’agriculture traditionnelle produit 14 % de gaz à effet de serre, etc. ainsi, comment un instant s’imaginer que ce système puisse perdurer et être la corne d’abondance qui nourrira les 9 milliards d’âmes qui peupleront la planète en 2050. Et si l’agroécologie pouvait nourrir le monde ?, se demande alors Marie-Monique Robin, journaliste et auteure de « Le Monde selon Monsanto » et de « Notre poison quotidien ».
Qu’est ce que l’agroécologie ? Soyons précis, l’agro écologie n’est pas synonyme d’agriculture biologique. Labellisée, l’agriculture biologique répond à un cahier des charges précis dont le point d’orgue est la non utilisation d’intrants chimiques. Comme l’expose Olivier de Schutter, auteur de « Agroécologie et droit à l’alimentation » et rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation: « L’agroécologie est la science qui vise à améliorer en termes d’efficience notre utilisation des ressources naturelles en essayant d’imiter les complémentarités qui existent dans la nature. C’est compatible avec un peu de pesticides ou d’engrais chimiques. C’est une science hybride entre l’agronomie et l’écologie (au sens de l’étude des écosystèmes) qui vise à produire mieux et plus, avec moins. »
En d’autres termes l’agroécologie cumule le savoir faire des paysans et la science. C’est l’école de la nature. La communication entre les plantes, mais aussi entre les plantes et les insectes. Il n’existe pas un modèle d’agroécologie, mais quasi autant de techniques qu’il y a d’exploitations. Au Mexique, elle prend notamment la forme de la Milpa, et au Kenya, du Push/Pull, une technique développée par le docteur Kahn, entomologiste d’origine indienne.
Attraction / Répulsion, l’exemple du Kenya.
Les faits: L’herbe des sorcières et les larves de la Pyrale, papillons de nuit, ravagent les plants de maïs. Les données: Le desmodium fait fuir la Pyrale, empêche la prolifération de l’herbe des sorcières et apporte de l’azote au sol. L’herbe à éléphant attire les Pyrales qui viennent y mourir. Conclusion: Pour bénéficier d’une récolte optimale, il suffit de semer en même temps que le blé du desmodium et border les champs d’herbes à éléphants.
Technique riz-canard-poisson. Le Canard capture les “prédateurs” du riz, et agit donc comme un pesticide. Le canard et les poissons oxygènent le sol, et, en même temps, le fertilisent (avec leurs excréments). Ainsi, la production augmente de 20 %, et le revenu, en étant totalement indépendant des coûteux et non efficients engrais chimiques, est en hausse de 80 %.
La Milpa. Pléthore de paysans au Mexique ont recours à une technique agricole dénommée la Milpa, qui consiste à cultiver en même temps trois plantes: Maïs, Haricots et Citrouille. Le maïs sert de tuteur naturelle aux plants de haricots, qui apportent au maïs la bouffée d’azote dont il a besoin, tandis que la citrouille et ses longues feuilles leurs amènent ombre et humidité. Bilan: un rendement accru.
Le paradoxe de l’échelle. Toutefois, ce qui est vraie à une petite échelle se vérifie t-il lors de la généralisation ? Les plus retords estiment que non, et plaident pour le statu quo. Les plus dubitatifs pensent que le modèle actuel n’est pas viable et qu’il faut en changer. Entre les deux, les indécis préconisent une agriculture qui soit à la fois conventionnelle, bio et agroécologie.
Y croire, c’est aussi jouer le jeu de l’industrie agrico-chimique qui voit d’un mauvais œil le développement de ces techniques naturelles qui leur enlèvent le pain de leur bouche. There is no alternative. Vous souhaitez revenir à l’âge de pierre ? L’agroécologie, ce n’est pas une science, ce n’est pas une avancée, c’est un recul. Une hérésie. L’avenir est dans l’agrochimie. Dans la manipulation génétique, clament-ils d’une seule et même voix. Une chose est certaine, qu’importe ce que fera l’être humain, à la fin, seule notre belle planète survivra. Ainsi, pourquoi ne pas l’écouter ? L’observer et vivre en harmonie avec elle ? Toutes les réponses à nos questions se trouvent autour de nous. Ne vous laissez pas aveugler.
Pour aller plus loin:
- « Il est désormais indiscutable que les pesticides sont une des principales causes de cancers (…) Il y a des centaines, voire des milliers de références montrant l’existence d’un lien associatif et causal entre l’exposition aux pesticides et des cancers, l’obésité et même le diabète de type 2 », explique Dominique Belpomme, chercheur et oncologue, avant de renchérir: « La situation est beaucoup plus grave que je ne le soupçonnais. Car les effets apparaissent dés le stade fœtal, un moment ou la vulnérabilité est la plus grande. » Quant à l’évaluation des pesticides avant leur mise sur le marché, le chercheur déclare que: « Les dossiers de demande d’autorisation sont insuffisants en termes de toxicologie. Ce sont des démanches cher et qui prennent du temps. Les industriels ont tendance à faire le minimum de ce qu’on leur demande, et le plus rapidement possible. » Certes, mais les pesticides permettent de nourrir le monde, et on ne peut s’en passer: « C’est faux », clame Dominique Belpomme, avant d’expliquer que: « Des alternatives existent, et consiste à revenir à des pratiques agricoles anciennes, comme la rotation des culture, l’utilisation des plantes qui fixent l’azote, la polyculture associée à l’élevage. Ce n’est pas revenir à une agriculture préhistorique. On tient compte des découvertes modernes. » Comme l’agroécologie, par exemple, cette science de la nature. (Journal Le Soir 13/03/13)
- Au XVI siècle, Paracelse dispose que: « Rien n’est poison, tout est poison: seul la dose fait le poison». Cinq siècle plus tard, l’OMS ( Organisation mondiale de la santé ) et la FAO ( Food and Agriculture Organization ) adoptent le concept de la Dose Journalière Admissible qui désigne: « la quantité de substance chimique que l’on peut ingérer quotidiennement et pendant toute une vie sans qu’il n’y ait d’effet sur la santé ». Et si ce que nous mangions nous détruisais un peu plus chaque jour ? Pour lire la suite, cliquez ici !
- « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères (sur Terre), sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. », Martin Luther King
- Au XVI siècle, Paracelse dispose que: « Rien n’est poison, tout est poison: seul la dose fait le poison». Cinq siècle plus tard, l’OMS ( Organisation mondiale de la santé ) et la FAO ( Food and Agriculture Organization ) adoptent le concept de la Dose Journalière Admissible qui désigne: « la quantité de substance chimique que l’on peut ingérer quotidiennement et pendant toute une vie sans qu’il n’y ait d’effet sur la santé ». Et si ce que nous mangions nous détruisais un peu plus chaque jour ? Pour lire la suite, cliquez ici !
- « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères (sur Terre), sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. », Martin Luther King
Selon Malthus, la faim est le résultat d’une production insuffisante pour une demande qui ne cesse de croître. Actuellement, plus de 870 millions de personnes, malgré une abondance, ne peuvent se nourrir décemment. Comment y faire fasse ?, est donc le défi de demain.
Néanmoins, s’il n’était pas question que d’offres et de demandes. Si la réponse à apporter était plus complexe. Si le système alimentaire actuel nous conduisait tout droit vers une impasse. Si industrialiser l’agriculture n’était pas le remède, comme le suggère à bon escient Olivier de Schutter.
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